Inda

Retro Tech : le Top 5 des incontournables de mon enfance

Il y a quelques jours, je faisais un vide grenier quand je suis tombée sur des objets qui m’ont rendue nostalgique, m’inspirant ce billet. Pour ceux qui sont de ma génération, vous vous rappelez peut-être de ces appareils que nous utilisions lorsque nous étions plus jeunes.

1- Le baladeur cassette ou walkman:

Photo d'un baladeur cassette
Baladeur cassette ou walkman – CCO Domain, via Pixabay

C’était le fun à l’époque. Un casque audio, une boîte (qui d’ailleurs ressemblait à une mini radio sauf qu’elle n’avait pas de haut-parleurs), une cassette, des piles et le tour était joué ! Eh bien, pour moi, mon baladeur cassette était la plus belle chose que j’avais. Oui oui…A l’époque on ne pouvait pas rêver mieux. Il m’avait été offert par un cousin et était accompagné d’une seule cassette : celle d’un artiste de la musique gospel. Je précise que mes parents m’avaient interdit de toucher à leur collection de cassettes. Toutefois, je les empruntais en cachette mais cela ne durait pas plus de 10 min.

Ainsi, souvent, je me contentais de ma cassette et lorsque je finissais les chansons de la face A, je la tournais pour écouter celles de la face B. J’avais fini par connaître par cœur tous les morceaux. Aussi, mon baladeur ne me quittait jamais. Lorsque ma mère m’envoyait acheter du pain, je l’avais en main. Lorsqu’elle me demandait de faire la vaisselle, je l’avais toujours. Lorsque je faisais la lessive, mon baladeur était accroché à mon pantalon ou à ma jupe. J’ai fait ça jusqu’au jour où l’appareil en a eu marre ! Il m’a lâchée un beau matin.

2- Le « Family game » :

Photo d'une console de jeu
Console de jeux « Family Game » de la marque SEGA – CCO Domain, via Pixabay

Mortal Combat, Super Mario, Contra, Tétris… Si seulement ces jeux pouvaient parler… Mon petit frère et moi passions des heures devant la télévision. Cette console avec un boitier énorme et deux manettes était à mon avis l’un des « ancêtres » des consoles de jeux vidéo télévisés d’aujourd’hui. Dans la console, il fallait introduire une cassette bizarre sur laquelle étaient enregistrés les jeux. D’abord, mon frère et moi nous battions toujours pour savoir qui aurait la manette principale. Puis, il fallait sélectionner pour certains jeux des personnages aussi bizarres les uns que les autres. Pour Mortal Combat surtout, on avait même l’impression que certains personnages étaient plus forts que d’autres et que la victoire ne dépendait pas de notre manière de jouer. D’ailleurs, nous n’avions aucune stratégie de jeu. Nous appuyions donc en désordre sur les touches des manettes, l’essentiel étant de gagner.

3- Le baladeur CD[1] :

Photo d'un baladeur CD
Baladeur CD – CCO Domain, via Pixabay

Le baladeur CD par contre, je n’en ai pas eu. Cependant, j’avais un ami qui ne cessait de me narguer avec le sien. Cet appareil fonctionnait comme le baladeur cassette sauf que la forme avait changé, et qu’à la place des cassettes, on avait des CD. Je me rappelle encore le jour où j’en ai demandé un à mes parents. Ma mère fit le discours suivant :

Les baladeurs ce n’est pas bon pour les enfants. Toutefois, j’ai accepté que tu aies le précédent car je n’avais pas le choix (Il ne reste plus qu’à ce qu’elle remercie Dieu que ça se soit gâté). Laisse-moi te dire que lorsque vous avez ces casques aux oreilles et que vous marchez dans la rue, vous n’entendez pas les voitures qui klaxonnent derrière vous et un accident est si vite arrivé.

Elle aurait pu dire un simple non mais on les connait, nos mamans africaines. Lol. Ce qui était sûr, c’est qu’elle avait réussi son coup et qu’après je n’ai plus jamais demandé de baladeur CD.

4- Les premiers baladeurs MP3 :

Photo d'un baladeur MP3
Baladeur MP3 – CCO Domain, via Pixabay

On en arrive à ce bon vieux baladeur MP3. Lui, je l’ai gagné lors d’un jeu concours. C’était un tout petit objet rectangulaire avec un écran bleu, jaune ou blanc, sur lequel on pouvait lire le titre et l’auteur de la chanson qu’on écoutait. Comme avec le baladeur cassette, je l’avais tout le temps sur moi mais cette fois-ci, c’était pour frimer à l’école. Cependant, ça n’allait pas durer : quelques mois après avoir eu mon baladeur, je l’ai fait tomber et l’écran s’est cassé. Le jour-là, je l’ai tout bonnement remis dans ma poche et je suis rentrée m’apitoyer sur mon sort (apparemment, avoir des baladeurs ne me réussit pas). Plus tard, j’en ai fait une clé USB.

5- Les premiers téléphones Nokia :

Nokia 3310
Nokia 3310 – CCO Domain, via Wikimedia Commons
Téléphone Nokia
Télephone Nokia – CCO Domain, via Pixabay

Je suis sûre que vous vous rappelez encore de ces téléphones. En effet, l’un des premiers téléphones en Afrique était ceux de la marque Nokia, dont le Nokia 3310. Ce téléphone en plus d’être une éventuelle arme (on pouvait assommer une personne avec sans qu’il ne se casse) était cher et lourd à porter. On pouvait trouver les premiers téléphones entre 300 000 et 350 000 FCFA[2], le prix d’un Iphone aujourd’hui.

Aussi, il n’y avait que deux jeux très populaires à l’époque sur les Nokia : Bounce et Snake. Je ne parle pas des jeux réadaptés qu’on trouve maintenant dans Play Store ou dans App Store. Les premières versions de ces jeux étaient en blanc et noir. Après y avoir joué on avait mal aux yeux mais on reprenait de plus belle. Je me rappelle même que nous avions un code qu’il fallait saisir pour ne pas perdre et reprendre une partie de Bounce. A cette époque, c’était pour nous la technologie « dernier cri » comme on dit chez moi. Certains n’avaient jamais imaginé les smartphones.

Toutefois, malgré nos appareils, nous trouvions encore le temps de nous rencontrer, de discuter et de rire entre amis. Même à l’avènement des premiers téléphones, nous avions encore une vie sociale, car la possession de ces objets maintenant connectés n’était pas aussi évidente qu’elle ne l’est de nos jours. On ne s’offrait et on n’offrait pas un téléphone, soit par manque de moyens financiers, soit pour éviter aux enfants d’être distraits en classe, soit par simple méfiance.

Aujourd’hui, tout a changé et les smartphones ont tout remplacé. Ainsi, nos moments de partage et de réjouissance sont devenus des moments « selfies » et « réseaux sociaux ». Quoi qu’il en soit, rappelons-nous qu’aucune technologie, aussi « parfaite » soit-elle, ne peut remplacer la chaleur humaine et le sentiment d’appartenance à une communauté qui nous aime. Il suffit juste de savoir faire la part des choses et de faire chaque chose au moment opportun. En attendant, si vous vous rappelez d’une autre invention technologique qui vous a marqué, vous pouvez la citer et me raconter votre expérience en commentaire ! A la prochaine ! x.o !

[1] CD = Compact Disc

[2] 1euro = 650 FCFA (XOF)


Un bien triste début d’année

Accident de voiture
Un accident – CCO Domain, via Pixabay

Dimanche 31 décembre 2017, 21 heures, le téléphone sonna…

  • Allô ! Madame OKOUNOU ?
  • Oui ! Qui est à l’appareil ?
  • C’est la police. Votre mari vient de faire un accident. Une ambulance l’emmène au Centre Hospitalier Bon Berger…

Hélène n’entendit plus la suite de ce que voulait lui dire cette voix roque à l’autre bout du fil. Tout ce qu’elle avait retenu c’est que son mari venait d’avoir un accident. Elle venait pourtant de recevoir un appel de lui disant qu’il rentrait. Que s’est-il passé ? Etait-ce grave ? Comment va-t-il ? Hélène n’avait pas le temps de répondre à toutes les questions qui lui traversaient l’esprit.

Elle confia les enfants à sa nièce et sortit précipitamment la voiture du garage. En route, elle n’en revenait toujours pas. Comment est-ce possible ? James avait une réjouissance avec ses collègues du boulot afin de partager de bons moments avant la nouvelle année. Il devait donc l’appeler en quittant ses amis afin qu’elle s’apprête pour la messe du réveillon à 22 heures. Il avait surement trop bu, se dit-elle. Elle l’avait senti dans sa voix mais s’était dit qu’il arrivera à conduire comme à chaque fois qu’il avait un peu de trop bu.

Arrivée enfin à l’hôpital, elle se dirigea vers l’accueil. Elle donna le nom de son mari et demanda si elle pouvait le voir. L’infirmière la toisa du regard sans lui donner de réponse. Avec un peu d’insistance, elle finit par répondre avec dédain :

  • Ecoutez Madame, patientez, vous n’êtes pas la seule dont un proche a été admis ici.

Les larmes aux yeux, Hélène reprit:

  • Je veux juste savoir si vous l’avez admis ici et s’il va bien s’il vous plaît.
  • Comme je vous l’ai dit, je ne sais pas. Je viens d’arriver pour ma garde et je remplace celle qui était là depuis le matin, donc ne m’énervez pas.

Hélène s’assit alors sur un banc dans la salle d’attente épuisée et triste. La demi-heure qui passa entre son arrivée et celle de ses beaux-parents lui parut tellement long. Ils étaient maintenant trois à supporter cette longue attente. Une heure passa, puis deux passèrent. Un médecin s’approcha enfin d’eux après avoir discuté avec l’infirmière qui était à l’accueil et qui les montra du doigt.

  • Vous êtes la famille de Monsieur OKOUNOU?
  • Oui Docteur. Répondit Hélène d’une voix larmoyante! Est-ce vous qui vous occupez de mon mari ? Comment va-t-il ? Est-ce grave ? S’il vous plaît dites-moi tout !

Le médecin baissa la tête et avec une expression de visage peu rassurante, il lui répéta, comme s’il l’avait buché, la phrase qui déchire le cœur des proches de patients : «  Je suis désolé, nous avons fait tout ce que nous avons pu ».

Hélène se laissa tomber au sol, poussant un cri de détresse qui traversa tout l’hôpital. Elle venait de passer à la nouvelle année sans son mari, l’amour de sa vie. James venait de la quitter pour toujours. Que va-t-elle devenir sans lui ? Comment annoncera-t-elle cela à ses enfants ? Les parents de James étaient inconsolables.

Que s’est – il passé ? Vous vous souvenez de cet appel de James à sa femme ? Eh bien, il était en circulation. En plus d’être ivre, il était au téléphone. Il ne vit pas à temps le cycliste qui voulut traverser. Il essaya de l’éviter mais perdit le contrôle. La voiture fonça droit dans un mur. On l’en sortit avec de multiples fractures et une hémorragie interne.

C’est un bien triste début d’année pour Hélène et ses deux enfants de deux et cinq ans qui, il y a quelques heures encore faisaient des courses parce qu’ils prévoyaient fêter la nouvelle année.

Depuis quelques heures, 2018… Nous nous sommes apprêtés…. Certains iront faire la fête, se réjouir en famille ou avec des amis. Quoi de plus normal ? Cependant, boire à outrance, conduire lorsque nous sommes ivres, téléphoner en conduisant sont des choses à éviter. Ce billet m’a été inspiré par trois accidents mortels auxquels j’ai assisté la semaine dernière. Prière, aujourd’hui, demain et les jours à venir de :

  • Boire modérément.
  • Ne pas laisser nos amis conduire lorsqu’ils sont ivres.
  • Eviter de décrocher ou d’émettre des appels en conduisant.
  • Limiter la vitesse.
  • Oublier nos téléphones portables pour ces courts moments de partage en famille et entre amis.
  • Vivre chaque instant avec nos proches.

Notre vie est la plus précieuse des richesses. Je vous souhaite une très bonne et heureuse année 2018. Prenez soin de vous et soyez prudents !


Sitou la zedwoman

Photo d'une jeune femme à moto
Une femme à moto – CCO Domain, via Pixabay

Oups ! Il était déjà 8 heures. Je n’ai pas entendu mon réveil sonner. Après avoir rapidement fait mes travaux domestiques, je pris un bain bien chaud, enfilai une robe et sortis en trombe de la maison. Maintenant il fallait trouver un zed[1] et être à mon rendez-vous avant 10 heures. Je marchais me demandant pourquoi la rue dans laquelle il était habituellement facile de trouver un conducteur de taxi-moto était si déserte ce matin. J’étais en pleine réflexion lorsque j’entendis : « Oléyia ? [2]». Est-ce une voix de femme que je viens d’entendre ? La personne à moto me dépassa et s’arrêta un peu plus loin.  Serait-ce… ? Surprise, je m’approchai pour en avoir le cœur net.  Eh Inda ! Ta curiosité te jouera un tour un jour. C’était une dame d’une trentaine d’années avec une forte corpulence.

Moi: Bonjour !

Elle: Bonjour ! Répondit-elle avec un sourire.

Moi: Je vais à Agoè deux lions[3].

Elle: Vous descendrez au carrefour?

-Oui.  Combien ?

-600 pèèèèèè… (600francs[4] seulement)

-Oh 500 kpoé lé assigné (Je n’ai que 500francs) .

-Okay, problème mou léo (Okay, pas de problème).

C’est à ce moment que je me suis rendue compte qu’elle était vraiment une zedwoman. Vous me demanderez pourquoi j’étais surprise. Non, mon attitude n’était pas celle d’une sexiste mais celle d’une personne en face d’un fait inhabituel. Au Togo, vous verrez beaucoup de femmes conduire des motos. D’ailleurs, dans mon pays, les motos sont plus nombreuses que les voitures. Elles sont considérées comme rapides et permettent  un accès facile à certaines zones. Ainsi, les conductrices ne sont pas rares mais, très rares sont les femmes qui en font un métier. Je montai donc sur la moto de cette femme en jeans bleu, t-shirt noir, gants noirs et « All Star » aux pieds. Au cours du trajet, plusieurs questions me défilaient dans la tête tandis que ma conductrice fredonnait d’un air joyeux « Ma Girl» de Toofan.  Je finis par sortir une question :

-Euh… Excusez-moi hein, ne vous fâchez pas mais vous faites ce métier depuis ?

-Oui, cela fait trois ans.

-Okay.

Je crois qu’elle avait compris que j’étais restée sur ma soif et que je lui aurais posé une multitude de questions si j’en avais l’occasion. Elle continua donc :

Vous savez, la vie est dure maintenant à Lomé et avec deux enfants à charge je ne peux me permettre de rester tranquillement chez moi. Ce sont les circonstances de la vie qui m’ont amené à faire ce métier. J’étais commerçante et il y a 4 ans après l’incendie du grand marché de Lomé, j’ai tout perdu. Les revenus de mon mari, agent de sécurité, n’étant pas suffisants pour subvenir aux besoins de la famille, j’ai décidé d’utiliser ma moto pour faire du zémidjan. Aussi, nos enfants grandissent et je ne veux pas qu’ils abandonnent tôt les études comme je l’ai fait. Voilà comment je me suis retrouvée avec un cumul de poste : le poste de maman et celui de zedwoman.  Conclut-elle ironiquement.

– Je vous trouve très courageuse.

-Merci ! En fait pour moi c’est un métier comme les autres. J’arrive à le concilier avec ma vie de femme mariée et de mère car je décide moi-même de mes horaires.

-Je vous avoue que j’étais un peu surprise (Un peu ? Menteuse ! Beaucoup oui !)

-C’est normal. Les clients sont parfois sceptiques lorsque je leur propose mes services, surement parce qu’une femme dans ce métier c’est rare. Quant aux zedmen, ils sont plutôt gentils à mon égard.

Elle venait à peine de finir cette phrase quand…

-Qu’est ce qui se passe ?

-Je crois que ma moto a un problème.

La moto commença à ralentir puis s’arrêta. Ses efforts pour la redémarrer furent vains. Elle tira alors l’engin capricieux sur à peu près 100 mètres et s’arrêta près d’un groupe de zedmen qui apparemment la connaissait. Je l’attendais lorsqu’elle revint vers moi avec un autre conducteur de taxi-moto et me confia à ce dernier.

-Il vous déposera à destination. Au fait, je m’appelle Sitou. Dit-elle avec un large sourire.

-Moi c’est Inda.

-Enchantée Inda!

-Enchantée !

Je lui payai la distance que nous avions parcourue tout en lui souhaitant une bonne journée et du courage.

Je montai sur la moto de mon nouveau conducteur et durant le trajet, cette phrase de Gérard de Nerval me vint en tête : «  Une femme est l’amour, la gloire et l’espérance ; aux enfants qu’elle guide, à l’homme consolé. Elle élève le cœur et calme la souffrance, comme un esprit des cieux sur la terre exilé ».

[1] Zed ou zem ou zemidjan : taxi-moto. Un conducteur de zed est appelé zedman

[2] Oléyia, (mot en mina, la langue la plus parlée au Sud du Togo) littéralement veut dire « Tu vas ? ». Ce mot est souvent utilisé par un client pour interpeller un zedman ou vice versa

[3] Agoè deux lions est un quartier de Lomé. « Deux lions » à cause d’un carrefour où se dresse une statue des deux lions des armoiries du Togo

[4] Au Togo on utilise le Franc CFA (XOF).


Ma grossesse, mon péché

  • Photo d'une jeune femme triste couchée
    Une jeune femme triste : sir5life0 –  Pixabay

Intriguée, je me suis levée pour regarder par la fenêtre. J’aperçus une jeune femme. Je compris alors pourquoi mon frère criait mon nom avec tant d’insistance. Cette jeune femme c’était ma meilleure amie d’enfance, Akofa. Je ne l’ai pas revue depuis la dernière année de collège, cela fait une dizaine d’années. Sa famille avait déménagé et s’était installée à Kpalimé, une ville située à 120 kilomètres au nord ouest de la capitale Lomé.

C’est ainsi que je me suis précipitée hors de ma chambre, traversant le salon telle une fusée pour me ruer sur elle.
Akofa : Attention, tu vas me faire tomber hein ! Donc tu n’as pas changé.
Moi : Tu sais que j’ai toujours refusé de changer ! Surtout en ce qui concerne mon enthousiasme ! Je suis trop contente de te revoir ! Ça fait tellement longtemps !
Akofa: Oui ça fait longtemps !
Moi: Viens t’asseoir, je vais te donner de l’eau. On a tellement à se dire…Quand es-tu arrivée à Lomé?
Akofa: Hier. Je suis venue voir une amie. Je repars demain. J’ai appris que tu étais rentrée d’Egypte alors je suis passée te voir.

Après les salutations d’usage, nous commencions à discuter, les fous rires se succédaient jusqu’à ce que je ne pose la question fatale:
– Alors comment va ta famille ?
Après cette question, le visage de mon amie s’assombrit.
– Je n’ai plus de famille. Répondit-elle, la gorge serrée.
– Oh…Pourquoi dis-tu cela?
Novigné (ma petite soeur)  Je suis passée par tant de choses depuis notre déménagement…

J’aimerais tout te raconter mais je ne sais pas par où commencer. Toutefois, je vais essayer de te conter mon histoire. Là voici: A notre arrivée à Kpalimé, mon père a arrêté de payer mes frais de scolarité sous prétexte qu’une fille qui a fréquenté jusqu’au collège a suffisamment de diplômes pour se débrouiller. Je me suis donc retrouvée à vendre du kanklo (bananes plantains frits) afin de payer moi-même mes études. Cependant, arrivée en classe de 1ere, j’ai rencontré un jeune homme avec qui j’ai commencé à flirter. Il était tellement gentil. Aussi, il disait m’aimer jusqu’au jour où je lui ai annoncé que j’étais enceinte. Je me rappelle encore de ce qu’il m’a dit :

Débrouille toi! Qu’est-ce qui prouve que je suis le père de ton enfant?

Ce jour là, le ciel m’est tombé sur la tête. J’étais malgré tout décidée à garder cette grossesse mais j’allais très vite changer d’avis. Mon père, à l’annonce de la nouvelle, est tombé dans une colère noire. En quelques minutes, j’ai retrouvé mes affaires au portail en pleine nuit. Je ne comprenais rien.

Ne dit-on pas souvent qu’un enfant est source de bonheur? Un enfant n’est-il pas une bénédiction? Pour mon père, ma grossesse était un déshonneur, une humiliation voire un péché.

Je ne veux pas d’un enfant bâtard dans ma maison.

C’est la phrase que mon père m’a lancée. Je me suis retrouvée à la rue malgré les supplications et les pleurs de ma mère et moi.

N’ayant nul part où aller, j’ai trouvé refuge chez une camarade plus âgée que moi qui vivait seule. Cette dernière me conseilla d’avorter. En échange, elle me laisserait vivre chez elle. Elle ne voulait en aucun cas avoir à nourrir une mère et son enfant. Je n’avais aucune famille, mon père nous ayant habitué mes petits frères et moi, à vivre loin de tous.J’ai donc avorté avec douleur. Des nuits entières je ne dormais pas à cause des douleurs physiques et des remords. Ce fut atroce.

Maintenant, je suis mariée mais je ne peux enfanter. En conclusion, mon père ne veut toujours rien savoir de moi. Ma mère quant à elle, reste toujours silencieuse.

Après ce récit, je suis restée inerte, triste. Comment consoler dans ce cas là ? Aucun mot ne pouvait la consoler! Je n’ai pu dire que cette phrase: « Je suis vraiment désolée. » Avant que je n’ajoute autre chose, Akofa s’est rendue compte qu’il était l’heure pour elle de prendre congés de moi. Toutefois, elle me promit de revenir la semaine suivante pour qu’on en discute davantage.

Toute la journée je n’ai cessé de penser à son histoire et je me posais la question de savoir ce que j’aurai fait dans son cas. Je n’ai jusqu’à présent aucune réponse à cette question. Mais s’il y a une chose que je sais c’est que l’éducation sexuelle des enfants devient de nos jours un sujet important. En outre, aucun enfant, fille ou garçon ne mérite de se voir refuser une éducation scolaire de qualité. Pour certains parents, une fille instruite « ne sert à rien  » car elle trouvera un homme qui prendra soin d’elle. Pour d’autres, le sexe est un sujet tabou. C’est de ces bien tristes manières de penser qu’a été victime mon amie. Le pire c’est que les victimes s’en sortent souvent avec des séquelles et s’en remettent difficilement.


La saison des pluies

Je me rappelle qu’à mon arrivée ici, je me plaignais de la chaleur qu’il faisait. Après quelques semaines passées à dormir à 2 centimètres du ventilateur (bon j’exagère un peu quand même…), il a enfin commencé à pleuvoir ! C’était la joie, mais très vite l’être humain n’étant jamais satisfait, j’ai recommencé à me plaindre.

Cette fois, mon souci c’est qu’il pleut trop. Ne vous méprenez surtout pas ! Lorsque je dis qu’il pleut trop, cela ne veut pas dire que la chaleur a totalement disparu. Le temps joue, comme il faut, avec nos nerfs : Il pleut beaucoup le matin et à midi il fait très chaud… Tout cela est surement dû au réchauffement climatique. Il y a malgré tout un avantage lorsqu’il pleut: Il n’y a pas de passagers qui attendent aux arrêts de bus et de taxis. Vous comprenez donc que mon quotidien que je décrivais la semaine passée est plus allégé. Par contre, les chauffeurs de taxi ne changent pas d’habitudes et continuent à aller où bon leur semble.

Une voiture circulant en période de pluie
Une voiture circulant en période de pluie – CCO Domain Fotolia

C’est ainsi, que certains matins, pour éviter de passer presque une heure à l’arrêt de taxi, je préfère prendre les Wibus qui passent toutes les 15 minutes. Je vais faire une petite pause pour vous parler d’un phénomène fréquent dans ces bus climatisés. Je l’appelle « le phénomène des têtes baissées ». Au moins la moitié des passagers est occupée à pianoter sur leurs téléphones portables. C’est fou ce qu’on peut être tellement occupé par ces petits objets qui nous permettent de communiquer. On en arrive même à ne pas remarquer ce qui se passe autour de nous. Ce phénomène, on le remarque dans presque tous les pays et dans n’importe quel endroit.

Bon revenons à la pluie. Comme je vous le disais la semaine passée, ce n’est vraiment pas aisé pour les piétons. A plusieurs reprises je me suis faite éclaboussée, ou dois-je dire lavée par des conducteurs que ce soit de taxis ou de voitures personnelles. Mais ce n’est pas qu’en Côte d’Ivoire qu’on subit cela. Avant de finir, je tiens à vous remercier pour vos encouragements. Beaucoup d’entre vous m’ont écrit pour me dire qu’ils trouvent mes billets intéressants et m’ont fait des remarques pour que je m’améliore. J’ai pris note de vos remarques et j’en fais déjà usage dans mes rédactions. Je ferai de mon mieux pour rendre mes billets davantage intéressants pour vous !

Merci à tous et à la prochaine !